Première résidence de l’Atelier Arts-Sciences, Virus//Antivirus, nom emprunté au spectacle qui en a été l’aboutissement artistique, a rassemblé pendant plusieurs mois une chorégraphe / interprète et un chercheur en traitement de l’information pour interroger la relation entre art et technologie, entre geste artistique et production de musique par l’entremise du dernier capteur de mouvement miniaturisé né au sein du Service Microsystèmes et Objets Communicants (CEA/ LETI/DCIS) : la “StarWatch”.
La rencontre des deux protagonistes du projet, Annabelle Bonnéry et Dominique David a eu lieu quelques années plus tôt au sein des Rencontres-i, Biennale Arts-Sciences, mais la résidence 2007 a impliqué plus largement une équipe artistique, la compagnie Lanabel et une unité scientifique. Elle a donné lieu comme premier résultat à une création chorégraphique présentée en octobre 2008 à la MC2 : Grenoble.

LA RÉSIDENCE

"L’intelligence électronique et la gestuelle dansante ensemble, dans un spectacle, ne se rencontrent pas tous les jours. On va donc les trouver s’épaulant l’une l’autre dans Virus//antivirus.
L’expérimentation est inscrite dans le parcours de la compagnie Lanabel. C’est ainsi qu’après une immersion dans le monde industriel avec le spectacle Qué Calor, « on s’est dit qu’on pouvait peut-être aller plus loin, souligne Annabel Bonnéry car on avait des questions par rapport à la technologie et au corps avec des hyperprothèses ». Ces interrogations ont d’abord traversé François Deneulin, scénographe et co-fondateur de la compagnie, qui a très tôt participé aux ateliers de créativité du Minatec IDEAs Laboratory® dirigé par Michel Ida. Par la suite, la chorégraphe danseuse l’y a rejoint et leur intérêt pour les capteurs n’a fait que s’accroître.

Entre une artiste, qui plus jeune se rêvait ingénieur, et un chercheur du Cea, qui compte à son actif trois CD en tant que compositeur de musique, la complicité fut très vite là. « Avec Annabelle, on a tout de suite eu envie d’aller vers la création, d’inventer une gestuelle à partir d’un capteur de mouvements qui génère de la musique. La première démonstration, il y a un an et demi, a été convaincante et après quelques séances de travail, l’alchimie s’est faite. Assez rapidement, on a obtenu des pépites d’où l’idée de faire un spectacle » déclare Dominique David.

Cette première collaboration, au sein du laboratoire Arts-Sciences, est porteuse de bien des promesses. Car, à partir d’enjeux différents pour chacun, se tisse un objectif commun qui exige disponibilité et ouverture, qualité du regard et exigence de part et d’autre.
Pour Dominique David qui travaille depuis 2000 à l’élaboration et à la mise au point de la starwatch : « un des objectifs, comme l’électronique se banalise et l’usage se répand dans le grand public, est de faire évoluer l’ordinateur tel qu’il est aujourd’hui car le clavier n’est pas naturel à l’homme. Il faut donc essayer d’imaginer des modes plus intuitifs, des nouveaux moyens d’interagir par le biais d’une miniaturisation qui permet de capturer des mouvements ».
Une façon d’utiliser l’ordinateur qui laisserait les mains libres, si l’on peut dire. Le bénéfice est alors grand d’associer, dans un solo de danse, l’art de la chorégraphe-interprète et celui du chercheur pour perfectionner cette nouvelle technologie, affiner ses usages. « Avec la souris ou le clavier, on est très loin du geste artistique. Avec la starwatch, on libère le geste, poursuit Dominique David, et cela permet une expression plus profonde de la personne ». Plus largement, et dans le souci constant qui est le sien d’améliorer l’interface entre l’humain et l’électronique, cela permettrait à chaque individu de s’approprier davantage l’outil et à ceux qui n’en font pas encore usage d’y venir peut-être.

« Arriver à transmettre autrement le geste à la machine, pour aller au-delà de l’usage pré-digéré que suppose la souris ou le clavier, favoriserait l’expression de chacun, laisserait une plus large part à l’improvisation, à l’imprévu ».
Si le champ des applications de la starwatch est très large, ce qui est déjà envisagé est d’aider les personnes à mobilité réduite. Suppléer à la faiblesse des muscles par une neurostimulation et utiliser les capteurs comme prolongement. D’où le titre comme un hommage revendiqué par Annabel Bonnéry à ce qui peut constituer un des premiers usages de cette technologie : l’usage médical.
« L’idée que les capteurs puissent relater ce qui se passe dans le corps ; puissent pallier à ses défaillances m’intéresse beaucoup. Ca questionne sur la danse aujourd’hui, cette idée de technologie faite d’abord pour optimiser le corps. Mais dans cette performance, le corps, un moment donné, ne va-t-il pas perdre ? Ce qui m’intéresse alors c’est de montrer, de façon ludique, en les relativisant ou en les appuyant, les effets peut-être contraires de cette modernité. Virus/antivirus dans l’esprit aussi de thèse/anti-thèse mais je ne donnerai pas de réponse. »
Le but, poursuit Dominique David, “c’est aussi d’aller vers un électronique qui fasse sens car cette voie-là est encore insuffisamment explorée“. A charge alors pour eux, durant les six semaines que va durer la résidence de recherche, de transformer ces enjeux dans un imaginaire qui fera vivre au spectateur le corps autrement."

Nadine Epron - Rédaction du suivi épistémologique de la résidence


LE MOTION POD

Capture de mouvement
La mesure du mouvement humain occupe une place de plus en plus importante pour de nombreuses applications dans des domaines aussi divers que les jeux vidéo, les films d’animation, dans l’analyse des gestes du sportif (amateur ou athlète de haut niveau), mais aussi dans le domaine médical. Les systèmes de capture de mouvements existants sont complexes et chers. Ils restent dédiés à des applications professionnelles. Ils nécessitent de mobiliser un laboratoire spécialisé et un personnel entrainé.
Le CEA / LETI travaille depuis plusieurs années sur une nouvelle approche qui consiste à utiliser des micro systèmes disposés sur le corps ou les objets dont on veut capturer le mouvement. Ces micro systèmes sont sensibles au champ magnétique, au champ d’accélération ou à la vitesse de rotation.

L’offre commerciale concernant ces capteurs s’enrichit d’année en année.
Elle est le fait d’acteurs majeurs de la micro électronique (ST microelectronics, Honeywell, Analog Devices, FreeScale, Aichi Steel Asahi Kasei, OKI, …) mais aussi d’acteurs plus spécialisés (Tronic’s, Colibris…) ainsi que d’actions de R & D du CEA MINATEC.

LE MOTION POD
IL est le premier réseau de capteurs du mouvement humain sans fil. Chaque noeud du réseau en étoile formé combine en un seul module des capteurs magnétiques et accélérométriques, un lien radio basse consommation propriétaire LETI et une batterie.
Le réseau peut comporter jusqu’à 16noeuds, de la taille d’une petite montre. L’autonomie permet un fonctionnement d’une journée complète. Ce système est transféré à la spin off Movea.

Technologies développées :
• Miniaturisation
• Architecture Système
• Protocole RF
• Traitement du Signal
• Prototypes

Sujets de recherche associés
• Objets communicants
• Réseaux de capteurs Sans Fil
• Body Area Network
• Capture de Mouvement
• Traitement du Signal
• Technologies pour le sport et la santé

Domaines d’applications potentielles
• Interfaces intuitives
• Bureautique
• Instrumentation
• Géolocalisation 3D
• Jeux vidéo


LE SPECTACLE

Sur le chemin de leurs rencontres avec d’autres domaines, artistiques, industriels, sociaux et grâce au Labo-i mis en place par l’Hexagone Scène Nationale Arts Sciences - Meylan, la pièce Virus//Antivirus trouve sa place dans l’association de la danse et de la recherche technologique et scientifique.
Ce projet réunit des chercheurs du CEA de Grenoble et des artistes autour de la question du corps - de l’image à la matière.
L’installation-performance place le spectateur au centre d’un espace-système qui se construit en direct au cours de la performance. En deux parties, Virus et Antivirus explorent un langage spécifique rendant indissociable l’individu de ce qu’il provoque, crée, interprète. Dans la première partie la danseuse sera équipée de capteurs (la StarWatch) qui disparaîtront dans la seconde partie.

Chorégraphie et interprétation Annabelle Bonnéry
Installation et vidéo François Deneulin
Musique et lutherie électronique Dominique David
Composition musicale Vitor Joaquim
Création lumière Elodie Llinarès
Création costume Kathy Brunner
Réalisation des « starwatch » Philippe Klein
Avec la complicité de Magali Cros

[REVUE DE PRESSE]
[DOSSIER DE PRESSE]

Dates de tournée :
05 novembre 2008 à Aveiro - Portugal
11 novembre 2008 à Cadiz - Espagne
13 et 14 novembre 2008 à Séville - Espagne
7 février 09 au CCB de Lisbonne - Portugal
13 et 14 février 09 à Saint-André de la Réunion
1er mai 09 au Festival de Carthage à Tunis - Tunisie
08 juin au Festival Temps d’image à Istanbul - Turquie
25 et 26 juillet 09 à Canton - Chine
25 novembre à la Cité des Arts - Chambéry
14 janvier au théâtre de Saragosse à Pau
05 novembre 09 à Aveiro - Portugal
du 28 avril au 2 mai 2011 au festival Barroquissimo à Puebla - Mexique
(stage professionnel de 4 jours pour danseurs professionnels du 3 au 6 mai 2011)

 

À lire dans les Cahiers N°1, la résidence au jour le jour.

 

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